Présentations des conférences «Femmes, النساء»
Mardi 2 octobre 2018 de 18:00 à 20:00
Histoire, sens et usages des concepts de féminisme et de genre – Feriel Lalami avec la participation de Leila Sherianne Bekhti
Le travail de la pensée sur les femmes s’est accéléré au cours du XX° siècle grâce à des progrès socio-économiques importants, en particulier un plus grand accès à l’éducation des femmes.
Pour donner une autre analyse aux rôles et fonctions des deux sexes et leurs relations, il a fallu surmonter le « butoir de la pensée » qu’est la différence biologique entre hommes et femmes sur laquelle se construisent le masculin et le féminin.
La généalogie des études sur les femmes montre une volonté de se réapproprier l’Histoire dans une interaction avec les mouvements de femmes dans le monde. La place des femmes, leurs potentialités et leurs réalisations vont être ainsi soumises à un nouveau point de vue pour les sortir de l’invisibilité.
Concomitamment, des revendications à l’égalité dans de nombreux domaines, famille, travail, représentation politique et citoyenneté du groupe social des femmes se développent à travers le monde.
Ces mouvements pour l’égalité et l’émancipation remettent en cause un ordre social hiérarchisé tant intérieur qu’international (rôle des féministes africaines et sud-américaines). Les différentes formes du féminisme selon les régions et les objets de lutte (féminisme de la différence, black feminism, féminisme islamique, écoféminisme…) questionnent son universalité.
Les États, les conférences internationales ont généralisé la notion de genre. Ce succès est-il la manifestation de l’irréductibilité des mouvements féministes? , Pour répondre à cette question, il faudra considérer les différentes acceptions de ce concept. Si l’on utilise les termes de « genre », de « système de genre » ou « les genres », il s’agit d’approches différentes dont certaines éludent les rapports de pouvoir.
Au cours du XX° siècle et de la première décennie du XXI° siècle les changements en terme de gains pour les femmes ont été considérables mais, les obstacles sur le chemin de l’égalité et de l’agentivité des femmes sont en constante recomposition.
- Héritier Françoise, Masculin, Féminin, La pensée de la différence, Odile Jacob, 1996.
- L’Année du Maghreb, Femmes, Famille et droit, 2005-2006.
- Mernissi Fatima, Le harem politique : le Prophète et les femmes, Albin Michel, 1987.
- Mir-Hosseini Ziba, Islam and Gender, Paperback, 1999.
- Nouvelles questions féministes, Féminismes dans les pays arabes, n° 35, 2016. Féminismes au Maghreb, n°33-2, 2014.
- ONU Femmes, Rapport annuel 2017-2018 http://www.unwomen.org/fr/digital-library/publications/2018/6/annual-report-2017-2018
- Saadaoui Nawel, La face cachée d’Eve. Les femmes dans le monde arabe, édition Des femmes, Paris 1983.
- Scott W. Joan, De l’utilité du genre, Paris, Fayard, 2012.
- Sow Fatou, Penser les femmes et l’islam en Afrique, Contribution à Mama Africa, Paris, L’Harmattan, 2005.
- Tillion Germaine, Le harem et les cousins, Paris, Seuil, 1966.
- Union Africaine, Le genre en Afrique, fiche d’évaluation, décembre 2015.
- https://au.int/sites/default/files/documents/31260-doc- 2015_auc_african_gender_scorecard_fr.pdf
- Wadud Amina, Qur’an and Woman:Rereading the Text from a Woman Perspective, Paperback, 1992.
- World Economic Forum, The Global Gender Gap Report, 2016, https://www.weforum.org/reports/the-global-gender-gap-report-2016
19h30 – 19h45 : Les luttes des descendant.e.s de l’immigration post-coloniale au prisme de l’intersectionnalité – Leila Sherianne Bekhti
Lundi 5 novembre 2018 de 18:00 à 20:00
Romancières d’Afrique, entre esthétique et citoyenneté – Christiane Chaulet Achour
Un seul titre pour chacune de ces romancières, toutes écrivaines confirmées. Ce qui permet de réfléchir, à partir de l’œuvre choisie et plus globalement de l’ensemble de leur création, à cette tension de toute création littéraire en Afrique (ici donc : Algérie, Tunisie, Cameroun et Sénégal) entre désir de geste esthétique et volonté d’inscription citoyenne dans le pays, dans le continent et plus généralement dans le monde. Le choix fait d’œuvres du XXIe siècle doit permettre une réflexion sur le double positionnement de ces créatrices (thématiques, écritures et filiations) et l’impact qu’il produit sur les sociétés.
Sept romancières :
- Emna BEL HAJ YAHIA (née en 1945 à Tunis), Jeux de rubans, Tunis, Elyzad, 2011
- Malika MOKEDDEM (née en 1949 Algérie), N’Zid, Le Seuil, 2001
- Maïssa BEY (née en 1950 Algérie), Surtout ne te retourne pas. Éd. de l’Aube et Barzakh, 2005 (Prix Cybèle 2005)
- Hajar BALI, (née en 1961, Algérie), Trop tard, Barzakh, 2014
- Fatou DIOME (née en 1968, Sénégal), Celles qui attendent, Flammarion, 2019
- Leonora MIANO (née en 1973, Cameroun), La Saison de l’ombre, Grasset, 2013 (Prix Femina 2013 )
- Amira-Géhanne KHALFALLAH ( Algérie), Le Naufrage de la lune, Barzakh, 201
Mardi 13 novembre 2018 de 18:00 à 20:00
Femmes en Afrique ancienne – Nacéra Benseddik
La place que Tertullien, après saint Paul, assigne à l’épouse est partiellement en réaction contre l’émancipation sociale et politique progressive des matrones au moins depuis le 1er s. av. J. -C. dans la haute société romaine. Si les sources littéraires présentent souvent une image traditionnelle de la femme romaine, épouse et mère, l’épigraphie révèle l’existence, dans la société urbaine de l’époque impériale, des femmes libres qui gagnaient leur vie en exerçant un véritable métier. Les populations urbaines n’étaient pas exclusivement masculines ; elles n’étaient pas composées que de riches, de parasites et d’esclaves, et les femmes ne se sont pas contentées de filer la laine à la maison. Que savons-nous des Africaines quand les quelques textes littéraires ou juridiques dont nous disposons sont tous écrits par des hommes, qui n’envisagent que la situation des classes supérieures, et quand les innombrables inscriptions et les monuments figurés, dont l’Afrique est si riche, sont par nature, partiaux et fragmentaires ?
Je traiterai de leurs images, des qualités morales que l’on attendait d’elles, de leur relation à l’amour, au mariage, à la maternité, de leur place dans la société, des métiers qu’elles ont occupés.
- Allard-Huard, L. et Huard, P. (1936) : La femme au Sahara avant le désert, Etudes Scientifiques, p. 3-90.
- Bel Faïda, A. (1995) : la prêtrise féminine en Afrique romaine : témoignages épigraphiques et iconographiques, dans M. Moknachi (éd.), Pour une histoire des femmes au Maroc, Kénitra, p. 61-73.
- Benseddik, N. (2017) : Femmes en Afrique ancienne, Ausonius, Bordeaux.
- Briand-Ponsart, Cl. (2003) : Les dames et la terre dans l’Afrique romaine, in Histoire et Sociétés Rurales 19, p. 79‑90.
- Cherif, Z. (1988) : Le costume de la femme à Carthage à partir des figurines en terre cuite, Africa X, p. 7-24.
- Hachid, M. (2000) : Les premiers Berbères entre Méditerranée, Tassili et Nil, Alger.
- Ladjimi-Sebai, L. (1991): La femme en Afrique à l’époque romaine, in Attività di ricerca e di tutela del patrimonio archeologico e storico-artistico della Tunisia, Cagliari, p. 77-88.
- turcan, m. (1971): Tertullien, La toilette des femmes (De cultu feminarum), Sources Chrétiennes, Paris
Jeudi 6 décembre 2018 de 18:00 à 20:00
Les femmes et le cinéma – Latifa Lafer
Il existe peu d’écrit sur les femmes et le cinéma algérien. Leurs rôles, selon les films, oscillent entre sujets et objets. Aujourd’hui, pourtant, c’est en tant que réalisatrices qu’elles investissent l’espace cinématographique. Cette halte sur les femmes et le cinéma se veut aussi un hommage à Mouny Berrah, à ses écrits vibrants d’intelligence et de sensibilité dans le fond comme dans le style. Nous évoquerons ses écrits au cours de la conférence.
Jeudi 7 février 2019 de 18:00 à 20:00
Alger 17e- 18e siècles, Femmes et transmission de biens – Fatiha Loualich
Conférence suivie d’une vente dédicace du livre de Fatiha Loualich « Alger, XVIIe et XVIIIe siècles, parenté, alliances et patrimoine »
Le bien entre son acquisition, sa transmission ou sa conservation, chaque opération reste un choix qui détermine une stratégie adoptée par le propriétaire. Cette conférence traitera des formes de transmission de biens par les femmes.
Nous essayerons d’étudier les trois volets, que nous jugeons cruciaux dans l’étude de la transmission des biens.
- Comment les femmes accédaient-elles à l’appropriation des biens ? Par quelle voie : la voie de la gratuité l’héritage, les donations, ou par la voie du marché, celle de l’investissement ?
- Comment transmettaient-elles leurs biens ? Quelle sont les formes de transmission les plus privilégiées ? Pourquoi évitaient-elles la loi successorale comme forme de transmission et privilégiaient-elles les autres formes de transmission ?
- Comment s’opérait la dévolution et comment transmettaient-elles leurs biens ? À qui profitaient les transmissions faites par les femmes ?
Les documents exploités pour ce travail sont exclusivement les actes des Maḥᾱkim Sharʿyya d’Alger (une série qui fait partie du fond ottoman). Ils se composent des différents actes enregistrés et authentifiés par des témoins devant les qᾱdhis d’Alger qui siègent dans les deux Maḥᾱkim : la Maḥkama malékite et la Maḥkama ḥanafite.
Mardi 19 mars 2019 de 18:00 à 20:00
Camus: au-delà des femmes, le féminin – Agnès Spiquel
Conférence suivie d’une vente dédicace du livre de Laadi Flici & d’autres « Alger 1967, Camus, un si proche étranger » Présentation d’Agnès Spiquel
Au-delà de l’histoire mouvementée d’Albert Camus avec les femmes (dont sa correspondance avec Maria Casarès récemment publiée éclaire l’une des facettes) et au-delà du féminin maternel qui irradie dans toutes ses œuvres romanesques, la conférence analysera des textes majeurs de Camus qui donnent toute sa place au féminin :
- la nouvelle « La Femme adultère », dans L’Exil et le Royaume : l’histoire est racontée à partir du point de vue de Janine, l’héroïne.
- Le Premier Homme : dans la partie rédigée, on assiste à la découverte du féminin par le jeune Jacques Cormery et, dans les brouillons, on constate l’ampleur qu’aurait prise sa grande histoire d’amour avec Jessica, et on dispose de nombreux fragments rédigés.
- les Carnets: dans les années 1950 surtout, Camus y évoque de plus en plus souvent, même sans les nommer, des figures féminines.
[Dans la collection « Folio », chez Gallimard]
- L’Exil et le Royaume
- Le Premier Homme
- LesCarnets (en 3 tomes)
[Dans la collection « Bibliothèque de la Pléiade », chez Gallimard]
- Œuvres complètes en 4 tomes (2006-2008). Au tome IV, dans les « Appendices du Premier Homme », voir en particulier p. 972 à 996.
[Dans la collection blanche chez Gallimard]
- Correspondance Albert Camus – Maria Casarès
Mardi 23 avril 2019 de 18:00 à 20:00
Les quatrains féminins de la tradition orale maghrébine. Fragments d’un discours amoureux- Mourad Yelles
La conférence portera sur un répertoire appartenant à la tradition orale d’anciens centres urbains d’Afrique du Nord (Fès, Rabat, Tlemcen, Alger, Tripoli, etc.) et composé d’un ensemble de poèmes en arabe maghrébin. Comme semblerait le confirmer certaines versions de la Muqaddima, cette importante partie de la littérature populaire maghrébine est probablement issue des processus de métissages poétiques et linguistiques impliquant le Machreq, le Maghreb et Al-Andalûs dès l’époque médiévale.
Elle s’est transmise en milieu féminin de génération en génération sous la forme de quatrains (type de base) connus sous différentes appellations : ‘arûbî, ḥawfî, bûqâla, ‛a‘yyû‘. Selon les contextes socio-culturels, ces textes peuvent, être chantés ou récités. Outre leur fonction éminemment poétique, ils ont aussi été traditionnellement associés à des pratiques à caractère ludique, mantique ou religieux.
Il s’agira de mettre en lumière d’une part le statut historiquement problématique de cette forme d’expression poétique dans la phase coloniale et post-coloniale au Maghreb et, d’autre part, sa remarquable vitalité dans le paysage culturel maghrébin contemporain. Comme forme de création métisse, je m’intéresserai plus particulièrement à ses nombreuses adaptations / réactualisations dans les champs musicaux, littéraires et médiatiques en Algérie.